Claude Gueux, dont le seul nom évoque Les Misérables et annonce avec trente ans d'avance l'immense Jean Valjean, était un pauvre diable, sans doute une crapule. En 1831, condamné pour vol à huit ans de prison, harcelé par son gardien-chef, il assassine celui-ci à coups de hache. On l'a poussé au crime, il le jure. Ses codétenus le soutiennent. Ses juges l'envoient néanmoins à l'échafaud. De ce sordide fait divers et de ce procès, Hugo va faire le plus violent et le plus passionné des réquisitoires. Contre la peine de mort d'abord, que cet ouvrier, ce damné de la terre ne méritait pas. Contre une société inhumaine ensuite. " Le peuple souffre, le peuple a faim, le peuple a froid. La misère le pousse au crime et au vice. " Ouvrez des écoles, vous fermerez les prisons. Hugo invective, il hurle son indignation. Et plaide pour la noblesse de l'être humain.
Claude Gueux, Victor Hugo, un classique de la littérature, une lettre aux élus, un cri de désespoir, un récit en avance sur son temps, toujours d'actualité malheureusement dans certains pays où la peine de mort est toujours en vigueur.
Claude Gueux est l'histoire d'un homme d'une trentaine d'années, Claude, un gueux. Pour nourrir sa femme et sa fille, il vole et écope de cinq de prison. Mais en prison, à force d'avoir faim, il tue. Le voici maintenant condamné à la peine capitale.
Ce récit est réel, vivant, étonnant. Victor Hugo dresse là un constat alarmant. C'est la société qui crée la délinquance, le vol, le meurtre. Et aussi, il lance un cri, un cri de désespoir, aux hommes qui condamne les assassins en les assassinant. Claude Gueux est l'histoire malheureuse et bien réelle d'un homme intelligent, solide et travailleur, bon dans l'âme, poussé au vol pour pouvoir manger. En un mot, donnez leur du charbon et du pain pour que les hommes soient paisibles et que les femmes ne se donnent plus au plus offrant.
Ce récit est suivi de quelques chapitres de la vie de Jean Valjean, lorsqu'il sort du bagne, après dix-neuf ans de souffrance, pour un vol commis et quelques tentatives d'évasion. La société, encore ici, ne crée-t-elle pas un délinquant. Elle nous montre un homme rejeté, qui a faim, qui est fatigué, qui ne souhaite que dormir et manger, et qui est poussé dans les limites de l'inacceptable. Sans la bonne oeuvre d'un curé, qu'aurait-il fait finalement ? Voler, peut-être même tuer.
Victor Hugo, ici, en deux courts récits, fait état de la mauvaise société, celle qui invente des lois pour réprimer ce qui ne peut être réprimer, la misère.
Un classique poignant, le récit d'un misérable bien avant Les misérables.