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24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 08:50

lametamorphoseLa Métamorphose révèle une vérité méconnue, les conventions disparaissent, les masques tombent. Le récit qui porte ce titre est un des plus pathétiques et des plus violents que Kafka ait écrits ; les effets en sont soulignés à l'encre rouge, les péripéties ébranlent les nerfs du lecteur. C'est l'histoire, «excessivement répugnante», dit l'auteur, d'un homme qui se réveille changé en cancrelat. Cette transformation est un châtiment imaginaire que Kafka s'inflige. Et son personnage est celui qui ne peut plus aimer, ni être aimé : le conflit qui se déroule dans une famille bourgeoise prend une ampleur mythique. Seuls quelques éléments comiques ou grotesques permettent de libérer de l'oppression du cauchemar.

 

La métamorphose est le récit, une nouvelle d'une centaine de pages, de Gregor Samsa, honnête travailleur, qui soutient financièrement sa famille suite à la déconvenue de l'affaire commerciale de son père, et qui un matin se sent différent, malade. C'est le premier jour de sa transformation en un insecte répugnant.
Kafka nous propose ici un texte d'une grande originalité, écrit avec une grande justesse, une fluidité et une légèreté extrêmement bien travaillée, faisant de cette nouvelle un plaisir rare de lecture.
Cet auteur et ses textes ont été le sujet de maints études. Celle qui suit est courte, rassurez-vous, et manquera peut-être d'originalité par rapport à d'autres travaux déjà réalisées.
Ce Gregor Samsa a avec sa famille des liaisons comme tout jeune homme peut avoir avec ses parents et sa soeur au début du siècle dernier. Il la respecte, l'aime et et lui consacre sa vie, personnelle et professionnelle. Le père est tyrannique, la mère est effacée et la jeune soeur aimante et simple. Gregor Samsa travaille dans une entreprise pour qui il a une dette contractée par son père. Ce Gregor Samsa est au milieu d'une situation étouffante, sans avenir, et dont il paye chèrement le choix d'autres personnes, bien qu'il ne le ressente pas de cette manière, nous comprenons qu'il vit pieds et poings liés par son père et son travail (le jour même de son absence, il a la visite du fondé de pouvoir de l'entreprise dans laquelle il travaillé pour venir vérifier s'il est bel et bien malade).
Inconsciemment, Gregor Samsa éprouve une gêne, et ressent cet étouffement comme un manque de considération pour ces efforts. Il finit par s'imaginer qu'il n'est qu'un cafard au milieu de ce nid étouffant (je répète ce mot plusieurs fois pour vous faire comprendre mon ressenti vis à vis de cette famille et de son travail). Nous pouvons l'imaginer alité et déambulant dans sa chambre sans but précis, s'éloignant de plus en plus de la réalité jusqu'à ne plus s'alimenter. Nous retrouvons là les symptômes d'une grave dépression.
Malheureusement, sa famille qui le tient cloîtré ne fait rien pour essayer de l'en sortir et l'enfonce de plus en plus jusqu'à la mort. Les dernières pages, lorsque l'employée se débarrasse du corps, sont tragiques et comiques à la fois. La famille retrouvant dans la perte d'un poids lourd, le fils et le frère, la vie et l'ambition qui l'accompagne.
Kafka aura certainement ajouté dans son texte une authenticité personnelle y ajoutant ainsi une crédibilité sérieuse.
Un texte magnifique, avec un arrière-goût de folie, dans un univers égoïste. Un classique à lire absolument...
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