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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 08:11
demainjarreteComme tout le monde, Julie a fait beaucoup de trucs stupides. Elle pourrait raconter la fois où elle a enfilé un pull en dévalant des escaliers, celle où elle a tenté de réparer une prise électrique en tenant les fils entre ses dents, ou encore son obsession pour le nouveau voisin qu'elle n'a pourtant jamais vu, obsession qui lui a valu de se coincer la main dans sa boîte aux lettres en espionnant un mystérieux courrier... Mais tout cela n'est rien, absolument rien, à côté des choses insensées qu'elle va tenter pour approcher cet homme dont elle veut désormais percer le secret. Poussée par une inventivité débridée, à la fois intriguée et attirée par cet inconnu à côté duquel elle vit mais dont elle ignore tout, Julie va prendre des risques toujours plus délirants, jusqu'à pouvoir enfin trouver la réponse à cette question qui révèle tellement : pour qui avons-nous fait le truc le plus idiot de notre vie ?

Ce roman est un roman destiné à un public féminin principalement. On y découvre une Julie, presque la trentaine, vivant seule, entourée d'amis, et qui tombe amoureuse de son voisin. Elle va imaginer tous les scénarios possible à partir de détails totalement insignifiants. Son esprit tortueux va la mener à changer de métier et devenir une usurpatrice d'identité, uniquement dans le but de plaire et de créer une relation avec Ric, le voisin.
Avant de commencer ce roman, j'avais lu quelques critiques faisant état d'un auteur masculin ayant découvert le Graal au point que quelques lectrices doutaient réellement de la véracité de la biographie de l'auteur - ce n'est pas possible, un homme n'aurait pas pu écrire ça. Ce Graal, c'est tout simplement la compréhension de l'esprit et de l'intellectuel féminin. Le labyrinthe émotionnel des femmes serait retranscrit dans ces pages. En lisant ce roman, en effet, le personnage principal adopte réellement des comportements et des pensées alambiquées pour arriver à découvrir une vérité qui est tout sauf celles qu'elle a pu s'imaginer. Si l'esprit des femmes est aussi tordu, ça fait peur et je suis assez fier alors d'être un homme, et le terme obsession gagne tout son sens lorsqu'il s'agit du relevé de détails pour arriver à créer une histoire derrière... bon passons. Pour ma part, le personnage principal m'a paru complétement décalé et parfois bizarre, et même si l'auteur a pu comprendre ce fonctionnement, l'humour, lui, est typiquement masculin. Vous ne trouverez jamais, mais j'ai bien dit jamais, ou plutôt écrit jamais, mais jamais, de jeté de tête en arrière suivi d'un rire vengeur, dans un roman écrit par une femme.
Même si l'écriture est fluide et facile à lire, l'histoire tend à s'enliser trop souvent avant de repartir à nouveau. C'est assez fatigant à la fin, car l'auteur a tendance à s'embourber de temps à autre. L'histoire, quant à elle, bien que déroutante par l'imagination débordante du personnage, est assez prévisible et tout est bien qui finit bien d'ailleurs. Rien de méchant ni de fantastique, c'est même un peu enfantin. On retiendra la morale de l'histoire qui est bien plus profonde et que l'auteur nous fait ressentir en quelques lignes seulement dans ces remerciements. Oups, au moins je vous aurait épargné la lecture du roman en allant directement lire les trois dernières pages.
En somme, beaucoup de tapage pour pas grand chose.
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20 juillet 2013 6 20 /07 /juillet /2013 12:05

sparadrapsFrançois Chabeuf est un jeune homme doté d'un talent inné pour l'intrigue et d'une mauvaise foi à toute épreuve. Expert en manipulation, son seul désir est d'être entretenu. Il est parvenu à séduire une retraitée puis à chasser son mari pour s'installer avec elle, mais au jour le jour la cohabitation s'avère plus difficile que prévu. Sombrant dans la misère la plus complète, il fait alors la rencontre de Vera, une jeune femme russe à la dérive, aux yeux bleu vodka et aux secrets trompeurs. Cette rencontre change sa vie et, mû par un sens de l'héroïsme que nul ne soupçonnait, il se lance dans une quête rocambolesque, mêlant intrigue amoureuse, roman policier et humour au vitriol. François Chabeuf, l'antihéros mythomane des Femmes n'aiment pas les hommes qui boivent, franchit un nouveau palier dans la démesure, avec ce roman porté par un souffle épique et une frénésie euphorique.

 

Ce roman est le deuxième tome du copiste écrit sous la forme d'un journal intime où un individu du nom de l'auteur ( ? ), copiste de métier, nous raconte les péripéties de sa vie. Dans le premier tome, nous avions découvert le personnage. Calculateur et manipulateur, il est aussi mythomane et écrivain, mais je m'égare, et ne serait-ce pas la même chose en somme.

Dans ce deuxième roman du copiste mais pas le deuxième de l'auteur, nous suivons François dans la suite de ses aventures. Paranoïaque, il entraîne dans ses délires tout un groupe de gens à peine moins désœuvrés que lui. Après avoir fait le deuil de sa relation avec Clémence et la propriétaire de soixante ans, le voilà reparti dans une nouvelle histoire d'amour avec Vera, une belle jeune femme russe, ancienne artiste de cirque. Dans le même temps, son roman, celui d'un pan de sa vie, sort et se rendant compte qu'il est exploité par son éditeur négocie violemment une avance pour son deuxième roman, celui de son journal. Il exploite aussi les filles de Clémence qu'il retrouve presque par hasard et se lie d'amitié avec une bande de punks.

Ce roman est dans la veine du premier et notre anti-héros s'enfonce encore plus dans la délinquance et l'alcoolisme. Manipulateur et peureux, il finit par passer à l'acte de violence et de vandalisme. Il tombe réellement amoureux et voit enfin un avenir dans sa vie malheureuse mais qu'il s'évertue à croire fantastique. Le personnage est un merveilleux cas d'école pour les étudiants en psychologie et il serait curieux de savoir comment l'auteur s'est inspiré pour dénicher ce François.

Au fil des pages, il est des questions qui se posent irrémédiablement, d'où vient-il ?, mais le personnage y répond avec tellement d'humilité qu'on irait presque le plaindre, que veut-il réellement ?, et nous ne le comprenons réellement qu'à la fin, et est-il au moins une fois sobre ?, l'auteur ayant certainement des parts dans une petite distillerie de province spécialisée en alcool de prune ou de mirabelle.

L'écriture est toujours aussi fluide et use d'un vocabulaire assez relevé tout en étant dans un style simple mais efficace. San vouloir offenser François le personnage, je dirais qu'il y a du Jeunet dans ce roman.

Ce roman a été lu dans le cadre de la dixième édition Un éditeur se livre en partenariat avec Libfly et  Aux forges du Vulcain.

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9 juillet 2013 2 09 /07 /juillet /2013 08:13

L-ombre-d-un-ecrivain.jpgIsabelle n’en peut plus du harcèlement permanent des fans du romancier Marc Mussaut, dont les livres sentimentalo-érotiques se vendent par conteneurs dans le monde entier. Elle le déteste. Si elle le pouvait, elle irait lui faire la peau. Et pourtant, elle va devoir lui servir de nounou. Faire de lui un homme. Et un écrivain, si possible. Parce que pour couronner le tout, ses best sellers, ce n’est même pas lui qui les écrit…

 

Marc veut devenir écrivain, il a des idées, mais pas de technique ni de style. Il habite l'appartement à côté de Condie Raïs, une femme alcoolique, qui fume cigarette sur cigarette, et qui vit avec deux chats psychopathes. Après en avoir en avoir parlé autour d'un verre, elle lui propose quelques jours plus tard un manuscrit auquel il ne reste plus qu'à ajouter des détails. Commence alors pour Marc une véritable ascension vers le succès.

Ce roman, assez court, est l'oeuvre d'une "auteure" que j'avais déjà lue et appréciée dans C4H402. Après le succès de ses nouvelles, elle en a tiré une histoire plus étoffée et ce roman a vu le jour. Les lecteurs des nouvelles reconnaîtront immédiatement les passages tirés des nouvelles mais ce déjà-vu ne persistent pas au delà de quelques pages.

L'ombre d'un écrivain est d'un style très fluide, il ne s'apesantit pas de détails inutiles et laisse au lecteur le loisir de s'amuser, il y a beaucoup d'humour dans ces pages, et de réfléchir sur la valeur de la vie et la recherche du bonheur.

Vous y trouverez un auteur à succès, malheureux, et une jeune femme, différente, sans le sou, mais heureuse, et face à eux deux, buveuse comme un trou, fumeuse comme un pompier, mélomane, Condie, qui joue avec les deux jeunes gens, avec leurs sentiments.

Un roman qui se lit avec beaucoup de facilité, avec un humour juste, pas trop et juste assez, une moralité empreinte de bon sens, et surtout qui sent le plaisir d'avoir été écrit.

Je remercie l'auteure, Condie Raïs, pour m'avoir fait parvenir son ouvrage dédicacé.

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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 08:37

etjemesuiscachéTiti, 14 ans, et Jérémie, 7 ans, vivent chez leur grand - mère dans une petite ville de Corrèze. Leur grand frère Jules a quitté la ville il y a plusieurs années en promettant à Titi qu'il reviendrait le chercher et voici qu'il annonce enfin son retour. Tandis que Titi erre avec ses amis autour de la halle et du lac artificiel en attendant l'arrivée imminente de Jules, Jérémie se trouve livré à lui-même et vit dans son monde imaginaire. Ses journées, quand elles ne sont pas consacrées à l'étude de la Bible avec sa grand-mère, sont faites de guerres incessantes contre les Indiens et les Incroyants, qui provoquent toutes sortes de catastrophes. Le retour attendu du grand frère prodigue, la frustration de Titi, les maladresses de Jérémie et une série de rencontres imprévues vont amener les deux frères, pendant trois jours, à transformer la ville en un vaste terrain d aventures. À la fois brut et poétique, 'Et je me suis caché' restitue avec une grande justesse la langue et l'imaginaire de l'enfance et de l'adolescence, faisant de Titi et Jérémie les lointains descendants corréziens d Huckleberry Finn et Holden Caulfield.

 

Ce roman traite de l'adolescence, de la délinquance. Titi, quatorze ans, attend son grand frère parti à Paris il y a sept ans, qu'il revienne pour l'emmener. Sans parent, il vit chez sa grand-mère avec son petit frère Jérémie. Lorsqu'il apprend que Jules, son grand frère revient, Titi impatient, traverse quelques jours difficiles, accompagné du petit frère et des potes.

Le roman est narré par les personnages, Titi et Jérémie. Les chapitres alternent entre les deux gamins, et être dans la tête d'un enfant est assez perturbant, d'autant que le petit frère n'est pas normal intellectuellement.

Titi est en pleine adolescence, la période où il se cherche, et où il vit constamment dans la contradiction de ce qu'il veut faire et ce qu'il fait réellement. C'est le personnage principal. Attachant, pas si bête qu'il n'y paraît, il a envie de retrouver son grand frère pour qui il voue un amour fraternel immense. Abandonné, presque mal traité émotionnellement par sa grand-mère, il est en réalité en quête de tendresse et d'amour. Titi est un personnage honnête, qui tue l'ennui en faisant quelques conneries, mais c'est foncièrement quelqu'un de bien.

Jérémie, quant à lui, est un petit garçon dérangé. Malaxé par sa grand-mère et ses croyances religieuses, il hallucine parfois, et ponctue ses pensées de longues prières et textes religieux. La lecture des chapitres de ce petit garçon est assez fastidieuse et même fatigante.

Le roman est difficile d'accès à cause de la narration. Jérémie devient vite le chapitre redouté qui pour ma part, n'apporte pas grand chose au récit. J'imagine aisément que quelques lecteurs auront abandonné dans le premier tiers.

L'histoire est finalement secondaire. Le plus intéressant reste la psychologie de l'adolescent, et ce qu'elle amène lorsque vous grandissez si vous prenez le mauvais chemin, Jules étant ce mauvais chemin.

Un avis mitigé sur ce roman qui écrit différemment m'aurait indéniablement plu.

Ce roman a été lu dans le cadre de la dixième édition Un éditeur se livre en partenariat avec Libfly et  Aux forges du Vulcain.

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4 mai 2013 6 04 /05 /mai /2013 11:14

lesfemmes''Les femmes n'aiment pas les hommes qui boivent'' suit les aventures rocambolesques d'un jeune homme qui, convaincu par les idées de son temps que l'homme n'obtient sa dignité que par le travail, décide de réussir par tous les moyens à décrocher un emploi, aussi abrutissant soit-il. Sa bêtise et sa mesquinerie, doublées d'un art consommé de l'intrigue, provoquent une série de catastrophes qui l'amènent à revoir ses ambitions à la baisse, et le poussent in fine à explorer tout l'éventail du parasitisme, en profitant sans scrupule de la naïveté de son entourage. Portrait d'un Candide à l'innocence feinte, ''Les femmes n'aiment pas les hommes qui boivent'' est le tome 1 du roman-feuilleton ''Le Journal d'un copiste'', dont il regroupe les 180 premiers épisodes.

 

Ce roman est écrit à la manière d'un journal tenu par un homme, François.Il y raconte son emploi de copiste jusqu'à son déménagementdans la capitale avec Clémence où il devient écrivain.

François pourrait être un homme d'une cinquantaine d'années tant il paraît dépassé par les nouvelles technologies. Il est surtout attein tde plusieurs défauts psychopathologiques, comme la mythomanie ou la paranoïa. Pour justifier ses propres défaillances intellectuelles ou physiques dans la vie de tous les jours, au travail pour garder un emploi, ou avec ses voisins par exemple, il invente des histoires le faisan tpasser tantôt pour une victime tantôt le mettant en valeur, et surtout, il y croit, ce qui est le propre de la mythomanie. François se sent constamment persécuté et met tout en œuvre pour arriver à ses fins, vivre aux crochets des autres et se faire assister, même si d'après lui ,et avec ses mots, il abat un travail titanesque méritant compensation financière.

Il faut avouer qu'au bout d'une centaine de pages, le personnage devient sérieusemen tagaçant mais les rebondissements dans sa vie, et comment il aborde les événements, comment il s'y adapte, et surtout comment il arrive à ses fins, font que la lecture devient prenante. Passé ce sentiment, le personnage devient comique, surtout lorsqu'ils arrivent à Paris avec ses nouveaux projets dont celui de son financement deviennent parfois même hilarants.

Bien que tourné à la façon d'un journal intime, ce roman est bien écrit et use d'un vocabulaire relevé, mais accessible. Ce qui est assez paradoxal avec le personnage qui avoue ne pas avoir eu une éducation élevée, mais pour le lecteur, c'est appréciable.

Le thème est original, mettant en scène un personnage atypique, souvent considéré comme un paria, loin du héros anodin ou magnifique, il est tout le contraire. C'est le journal intime d'un personnage complètement inintéressant, rendu attrayant par une écriture favorable au plaisir de lire et à ses délires.

Le roman est d'autant plus original que les différents chapitres ont déjà été publiés sur le blog de l'auteur, même si quelques romans publiés ont déjà suivis cette démarche.

Finalement, l'originalité du thème et de la forme font de ce roman un moment de lecture apprécié. L'auteur a continué la vie de François dans de nouveaux chapitres. Espérons qu'il ne lui arrivera que du bien...

Ce roman a été lu dans le cadre de la dixième édition Un éditeur se livre en partenariat avec Libfly et  Aux forges du Vulcain.

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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 08:11
http://idata.over-blog.com/2/88/64/74/lecture401/acidesulfurique.jpgUne satire impitoyable de la violence télévisuelle et des jeux de télé-réalité qui prend pour décor… un faux-vrai camp de détention nazi. Un roman de politique-fiction plutôt audacieux…

Imaginez que les camps de concentration deviennent un jeu de télé-réalité. Des gens se font arrêter et sont envoyer dans un camp pour y travailler et mourir. La production paye des kapo pour y faire régner l'ordre. Tout ça sous l’œil bienveillant de centaines de caméras. Comment les prisonniers peuvent réagir face à tant de souffrance, de violence et de bêtises.

Acide sulfurique est un roman comme Amélie Nothomb sait les faire. Elle prend du recul sur un événement, le modifie, le remodèle et nous le sert avec sa sauce. Elle prend plaisir à torturer psychologiquement ses personnages.

On y trouve le refus du laxisme avec lequel les gouvernements se sont laissés aller devant autant d'atrocités, c'est la critique de la culture moderne qui à son apogée est au plus profond, de la société décadente qui se plaît à regarder des gens souffrir derrière leur écran, sans état d'âme. On y trouve aussi le récit assez cruel des pauvres gens, à qui on a volé jusqu'à leur nom, et qui face à l'adversité commune, continue comme l'homme sait si bien le faire, à se retourner les uns contre les autres.

Les personnages sont caricaturés et pourtant si réels, de la kapo bête et méchante à Pannonique, qui se considère comme Dieu pendant un temps, au public abruti derrière son écran, ou alors, la caricature n'existe pas. Ces gens étudiés dans un lieu et un événement terribles se comporte le plus simplement, en faisant ressortir uniquement ce qu'ils ont de plus profond, parce que le reste n'est que futilité dans des conditions extrêmes.

L'écriture est efficace, fluide, alternant courtes descriptions et dialogues, Amélie Nothomb nous emmène dans son univers si particulier, décalé dès les premières pages pour nous lâcher, presque à bout de souffle, au point final. Le roman est court et va à l'essentiel sans se perdre.

Un roman qui pousse la réflexion plus loin. Un roman qui demandera au public un peu plus de discernement que celui qui regarde ce genre d'émissions, qui peut la critiquer tout en la cautionnant de par sa présence derrière l'écran. Je dois en faire partie, j'ai lu son roman, trouver abject les tortures, mais j'ai continué jusqu'à la dernière page, parce que j'ai aimé le lire, finalement, je suis comme tout le monde.

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15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 18:56

encrebrute« – Le diable ? A quoi le reconnaîtrez-vous donc, votre diable ?
Le professeur avait pris un air effrayé.
– Ses actes parleront pour lui. Et s’il le faut, s’il faut d’abord en faire un prince du mal avant de le sacrifier, s’il faut le porter au pinacle pour mieux l’en faire descendre, eh bien nous le ferons. De son règne jailliront les gisements d’encre brute, de ses crimes éclatera l’apocalypse annoncée, comme l’a prédit l’oracle... »

Al-Majid, l’assassin appelé à devenir le futur raïs de Babylone, s’entretient en prison avec l’évangéliste Lindsay Steward, à la solde des services secrets américains, lui aussi condamné à mort… Il vient de comprendre que tuer ne suffit pas à conjurer le sort. À l’oracle de la Bible, il va devoir opposer sa propre malédiction. La main qui tue sera aussi celle qui écrit…
Un conte des Mille et Une Nuits transposé dans l’Irak de Saddam Hussein sur fond de guerres et de coups d’État sanglants.

 

Dans un pays du moyen-orient, l'Irak, le destin de deux amis qui vont tracer l'histoire d'une nation. Le premier, Sharif, poète, enrôlé dans l'armée de force, combat la violence physique, des armes et du sang, par les mots. Le deuxième, un ami d'enfance, Al-Majid, fils  de putain, assassin et voleur, violé dans son enfance et haineux de l'étranger, paranoïaque, devient celui qui fera sombrer cette nation en devenant le Raïs.

Jérôme Baccelli propose ici un texte poétique, digne d'un conte des Milles et une nuit, dans un pays ravagé par la guerre et la famine. Il y présente l'accession, à peine voilée, du dictateur Irakien et des horreurs qui s'ensuivirent pendant plusieurs décennies. Al-Majid, en quête d'une reconnaissance honnête, tente sans succès d'écrire un roman, son roman, celui de sa vie. La guerre de huit ans et sa paranoïa, dépouillant le pays de sa jeunesse et de ses artistes, laisse un pays exsangue, dans le seul but de pouvoir créer à partir du réel. Quant à son ami d'enfance, enrôlé, héroïque malgré lui, allant combattre en citant des vers ,emprisonné pour corriger, réécrire, le roman du dictateur.

Avec une écriture magnifique, l'auteur, avec beaucoup de poésie, conte l'accession d'un dictateur, des horreurs perpétrées par des guerres incessantes, le meurtre et le viol, et de ce destin de deux hommes, tous les deux enquête d'une reconnaissance, mais qui tente d'y accéder avec les moyens qu'ils connaissent et qu'ils possèdent, l'un c'est avec un poignard, l'autre avec une plume. Ce besoin d'être reconnu est incessant. Le dictateur souhaite se détacher de sa haine pour les hommes qui l'ont violé, de sa paranoïa qui le fait douter de ses généraux, conseillers, amis ou même famille. Le soldat idéalise le rêve d'être lu et adulé, mais son seul public sera le seul homme qu'il essaye de combattre.

Un roman original et... qui en devient effrayant. Imaginer que des millions de vies ont été brisées, par la mort, par le viol, pour le seul plaisir d'un seul homme qui avait un rêve d'enfant, celui d'être aimé, tout simplement.

Je remercie Babelio et Pierre Guillaume de Roux pour ce partenariat.

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babelio

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3 avril 2013 3 03 /04 /avril /2013 08:38

http://idata.over-blog.com/2/88/64/74/lecture401/100pages.jpg" Ce carnet, c'est ton héritage. Tes soeurs auront le reste, mais crois-moi, je te lègue le plus précieux de mes biens, et tout l'argent du monde ne le remplacerait pas. " Quel choc pour ce jeune homme lors de l'ouverture du testament de son grand-père : il ne lui a rien laissé ! Rien à part un vieux carnet vierge au cuir râpé. Pour tout héritage, cent pages blanches qui vont rapidement dévoiler leur secret.

 

100 pages blanches est un roman qui ne déroge pas au style de Cyril Massarotto.

Trois adultes, frères et sœurs, héritent de leur grand-père. Les jumelles se partagent le compte en banque et les propriétés immobilières, le frère récupèrent un carnet avec cent pages, vierges de toutes inscriptions. Il est vrai que le grand-père perdait un peu la temps ces derniers temps, mais de là à se moquer du garçon qu'il a élevé comme son propre fils.

Rapidement, le carnet se révèle être un héritage plus grand et plus précieux que quelques centaines de milliers d'euros. Et lui seul peut accéder à son pouvoir. Celui de ressusciter les souvenirs enfouis dans la mémoire pour les revivre une dernière fois.

Le roman entre immédiatement dans l'histoire, les présentations se font avec les personnages et l'héritage arrive avec son lot de déceptions et de découvertes. L'histoire fait place à la magie de la nostalgie, celle que vous avez peut-être quand vous feuilletez de vieux albums de photos ou quand vous ouvrez une vieille boîte de chaussures où sont enfouis des objets qui vous font revivre votre madeleine de Proust.

Les personnages sont intéressants et les deux amis sont attachants, et d'autres sont irritants. Bien décrits, on s'en fait une image très proche de celle que l'auteur avait.

L'écriture est facile et très fluide. Le roman est court et en un rien de temps il se dévore.

L'histoire est belle, avec des rebondissements crédibles, cohérents, malgré l'aspect fantastique du carnet.

Le roman possède une morale, que peut-être vous vous appliquez consciemment ou inconsciemment, mais pour les autres qui se refusent à vivre vers l'avenir, les souvenirs ne se remémorent que s'ils sont vécus. Mon passage préféré dans ce roman est assez court, mais je l'ai trouvé intense ; c'est lorsque Mick et Louise offre la montre.

En somme, Cyril Massarotto nous offre un magnifique roman comme il sait si bien les écrire, bourré d'émotions, de rires, de larmes, et aussi de candeur, de naïveté, et beaucoup d'amour.

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 08:09

lepremieroublieLe cinquième roman de Cyril Massarotto, tout en pudeur, nous emporte avec humour et délicatesse aux frontières de la mémoire, des souvenirs et de l’amour filial.
Depuis quelques mois déjà, Madeleine oublie. Oh, des petites choses, rien de bien inquiétant. Jusqu’au jour où elle s’aperçoit qu’elle a oublié le nom de son mari. C’est Thomas, son fils, qui lui apprend que son époux est mort, il y a près d’un an.
Le diagnostic tombe : sa mère est atteinte d’Alzheimer.
Entre tendresse et amertume, Le Premier Oublié est un roman à deux voix, celles d’une mère et de son fils, confrontés à l’implacable avancée de la terrible maladie.

 

Avant de commencer cette chronique, je tiens à remercier Livraddict et XO Editions pour ce partenariat.

Thomas est écrivain, sa mère Madeleine, est atteinte d’une grave maladie incurable, Alzheimer. Ce récit décrit la maladie vu par Thomas qui assiste sa mère au quotidien mais aussi dans la tête de la sexagénaire.

Le roman est assez court et se lit en à peine deux heures. Mais il est écrit d’un style très fluide. Avec les mots de tous les jours, l’auteur nous fait ressentir la maladie, non pas au quotidien ou sur le temps, mais par rapport à des détails qui peuvent paraître anodin et qui pourtant sont difficiles. Le premier oublié signifie donc que Thomas est la personne que sa mère oublie en premier, son propre fils qu’elle ne reconnaît. La douleur est déchirante, la souffrance est profonde pour cet homme qui quitte tout pour s’occuper de sa mère et ce, jusqu’à la fin, presque la dernière minute. On apprend comment la maladie évolue et les sentiments que tout le monde peut avoir, que tout le monde se demande si c’est bien ou mal de penser ceci ou cela. Il n’y a pas de réponse, mais un combat perdu d’avance.

On appréciera le passage sur les détails sordides de la maladie et de ne retenir que l’essentiel, qu’elle fait souffrit autant le malade que ceux qui y assistent impuissants.

Nous avons été deux à le lire, et nos avis divergent à ma femme et moi. Elle y a vu beaucoup de sentiments et d’émotions tout le long du récit alors que j’y ai vu la difficulté dans le temps pour Thomas et sa mère. Pour ma part, l’émotion est dans l’avant-dernier chapitre. Cette mère pense à ses enfants, pas maintenant, pas avant, mais pour l’après, quand elle ne sera plus là. Elle comprend la maladie, sait que ses moyens vont disparaître petit à petit, alors dans un état de lucidité, elle le rend un hommage vibrant. Ces dernières lignes sont la plus belle chose qu’elle pouvait leur léguer.

Ce roman nous fait connaître une maladie difficile, tant médiatisée mais si peu connue. Une reconnaissance pour ces gens qui accompagnent au quotidien les malades jusqu’à leur dernier souffle. Cyril Massarotto est un auteur talentueux qui mérite son succès. Avec des thèmes originaux, une écriture qui se lit avec plaisir, il nous remplit d’émotions à chacun de ses romans.

Je remercie Livraddict et XO Editions pour ce partenariat.

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19 octobre 2012 5 19 /10 /octobre /2012 08:26

le-gyrovagueNos discours se déploient comme de longues étoffes agitées par le vent et se joignent pour former un dôme au-dessus de nos têtes. Ces voiles nous protègent de l’éclat du soleil et du regard de Dieu. S’il est bon que Dieu nous tienne sous sa garde, il n’est pas mauvais non plus que nous sachions nous réfugier un peu à l’écart de sa toute puissance. Il est bon d’habiter ainsi - n’est-ce pas ? - une intimité familière. Comme des enfants qui s’amusent dans un coin du domaine, hors de la vue du maître de maison, soustraits momentanément à son attention, à son autorité, mais certains de n’être pas oubliés lorsqu’on s’approchera du feu pour la nuit. Certains de trouver leur place désignée et de prendre part au banquet. Car ils sont les héritiers des promesses tenues et destinés à en témoigner devant les hommes du lointain.

 

Avant de commencer cette chronique, je tiens à remercier les Éditions Kyklos pour ce partenariat.

Le gyrovague et autres récits est un recueil de nouvelles. Ces différentes nouvelles n'ont pas de lien entre elles que ce soit au niveau des personnages, de l'époque ou de l'histoire. Ces récits sont d'un niveau assez différent. La plupart de ces récits nous paraît être sans fin. Les nouvelles semblent donc ne pas être finie. C'est assez déroutant et un sentiment de bâclé apparaît. Mais si vous vous contentez seulement de les lire simplement, c'est certain que vous ne verrez pas ce que l'auteur aura voulu faire passez comme message. Entre les lignes, entre les mots, sans être franc, il pousse le lecteur à s'interroger sur la philosophie des personnages. Les fins disparaissent pour vous en inventer une, se poser les questions, les bonnes ou les mauvaises.

Personnellement, j'ai trouvé qu'il laissait le lecteur se débrouiller trop tout seul. Ayant l'esprit de contradiction, j'aurais souhaité un avis plus franc, une idée bien exposée, pour m'y accorder ou m'y opposer plus certainement. C'est ce manque de prise de position qui est perturbant. Il aura laissé le lecteur seul, perdu.

De ces nouvelles, il y en a une qui sort du lot, l'avant-dernière, Le gyrovague. Plus longue, nous nous imprégnons mieux du personnage et de ses aspirations, nous permettant une réflexion plus approfondie. La dernière relate la situation du lecteur, la sensation qu'il pourra se faire de ce recueil. On vous présente un bout de vérité et on vous interdit d'y accéder complètement. A vous d'imaginer la suite.

L'écriture est soignée, sans lourdeur, facile. Des nouvelles sont intéressantes, d'autres moins, peut-être n'ai-je pas trouvé le fil philosophique du récit. Je finis donc ces récits avec un sentiment mitigé. Ai-je bien tout compris, suis-je passé à côté de quelque chose, pourquoi n'ait-il pas allé au bout de l'histoire, quel dénouement accorder. Autant de questions, peut-être plus, que vous vous poserez en les lisant. Au moins, ce recueil aura le mérite de se poser en vecteur de réflexion. A vous d'y réfléchir.

Je remercie les Editions Kyklos pour ce partenariat.

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Kyblos

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