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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 18:31

horla Ce volume de récits fantastiques, pour la plupart écrits de 1882 à 1887, Maupassant ne l'a pas lui-même composé. A les lire à la suite, rassemblés selon leur ordre de publication, on comprendra mieux cependant que le fantastique est une constante de l'oeuvre - et qui est apparue très tôt : contrairement à ce qu'une certaine légende a fait croire, Maupassant, bien que la folie l'ait terrassé à la fin de sa vie, n'a pas écrit sous sa dictée.
Mais s'agit-il vraiment de fantastique ? Rien de surnaturel ici, ni de merveilleux. Mais des histoires qui font place à l'angoisse et à la cruauté, à la folie et à la peur, à la division de l'être qui s'analyse avec lucidité.
Le génie de l'auteur est alors de rendre son lecteur captif, d'agir sur sa conscience et de lui faire croire avec naturel et simplicité que ce fantastique intérieur, cohérent et logique, est aussi la vie ordinaire, mais devenue soudain étrange.

 

Ces récits sont extrêmement bien écrits. On prend plaisir à les lire. Les nouvelles ne relatent en aucun cas des histoires fantastiques mais plutôt la peur et l'angoisse de l'homme face à l'inconnu et aux superstitions. L'approche est bien maîtrisée et on se retrouve à sourire devant l'absurdité des croyances et des craintes qui font tressaillir même les plus costauds des hommes. Bien sûr, par rapport aux auteurs contemporains, ces histoires manquent d'énergie, mais pour l'époque, ces histoires devaient faire frémir d'angoisse les lecteurs. De les lire dans leur ordre de parution nous montre l'évolution de l'écrivain dans le domaine qu'il maîtrise de mieux en mieux, un vrai plaisir que de le lire à nouveau.

 

Le peuple est un troupeau imbécile, tantôt stupidement patient et tantôt férocement révolté. On lui dit : "amuse-toi." Il s’amuse. On lui dit : "Vote pour l’Empereur." Il vote pour l’Empereur. Puis, on lui dit : "Vote pour la République. Et il vote pour la République."
Ceux qui le dirigent sont aussi sots, mais au lieu d’obéir à des hommes, ils obéissent à des principes, c’est-à-dire des idées réputées certaines et immuables, en ce monde où l’on n’est sûr de rien, puisque la lumière est une illusion, puisque le bruit est une illusion.

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